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Bibliographie de la Gueuserie Universitaire

de France

  

C'est bien connu, les livres les plus utiles sont souvent les moins connus ou les plus ignorés. Du moins le sont-ils à leur époque.

Par-delà leurs louables intentions, la plupart des livres, articles et sites qui exposent la situation d’intellectuels et d’enseignants-chercheurs en mal de présent et d’avenir, défendent des chapelles : les sciences exactes figurent en tête des désarrois, suivies des jeunes doctorants et docteurs, des directeurs de laboratoires, des filières désertées ou marginalisées, enfin du journalisme et des professions artistiques. Rarement est abordée la condition d’enseignants-chercheurs en lettres et sciences humaines expérimentés, reconnus par leurs publications et leurs enseignements, mais dépréciés par des institutions hautaines, sclérosées et népotiques, abandonnés à leur fragilité professionnelle et existentielle. Comme s’il était plus « vendeur » de relayer la cause des titulaires d’un bac + 5 ou 6, rémunérés 500 ou 800 euros, que de se pencher au chevet des bacs + 10 ou 12, chômeurs, bénéficiaires du R.M.I., réduits à des tâches pénibles, au mieux vacataires dans des universités étrangères ou des écoles supérieures privées. Aussi les bilans et les revendications se cantonnent-ils souvent dans la litanie de l’exploitation des chercheurs en laboratoires ou des pigistes, du cruel manque de postes et de moyens, des dégradations des conditions de travail.

Ces constats de paupérisations et ces plans de sauvetages martèlent cependant des vérités alarmantes, toujours bonnes à rappeler : un État arrogant, désinvolte et grippe-sou, des entreprises publiques ou privées converties à la dictature du libéralisme, des clercs vendus à la religion du rentable et du jetable, des pères spirituels négligeant ou dédaignant leurs fils, des étudiants de plus en plus nombreux, nécessiteux et désorientés. Reste à analyser, de façon plus systématique, les raisons historiques, politiques, sociales, structurelles, intellectuelles et culturelles de ce vaste programme de dépression, de régression, d’aliénation. Et, surtout, à proposer des issues de crises justes, complètes et stables, pour tous les gueux surdiplômés de France.

Fortunés, déclassés et oubliés de l’université, à vos plumes ! La République a besoin de vos lumières !

En attente d’être complétées par vos soins, les références suivantes sont seulement indicatives et suggestives :

1.    Quelques livres

* Allègre, Claude, Vous avez dit matière grise, Paris, Plon, coll. « Tribune libre, 2006.

« A croire les déclinologues de tout bord, ce sanctuaire de matière grise désormais bat de l’aile. Tout est faussé. Car on peut réussir ses études universitaires et devenir chômeur... ou bien alors ne trouver que des emplois sans rapport avec les diplômes obtenus. En quarante ans, le nombre d’étudiants est passé de 200 000 à 1 600 000. [...] Claude Allègre s’insurge, rétablit quelques bonnes vérités historiques, démontre les progrès fabuleux qui ont été réalisés depuis quarante ans et qui font qu’aujourd’hui [notre université] devrait être dans le peloton de tête des universités mondiales, pour peu qu’on fasse les efforts nécessaires. Dans un XXIe siècle qui sera sans nul doute le théâtre de la bataille de la matière grise aussi bien sur le plan économique que culturel, une des clefs de notre avenir dépend des universités, comme le montre l’exemple américain » (Note de l’éditeur).

On croyait l’ancien ministre de l’Éducation nationale dans une luxueuse maison de repos ou de retraite - et non, il s’agite encore ! Derniers soubresauts du mammouth avant une mort bien méritée ? Les mauvaises langues diront qu'après s'être mis à dos les Capes, le bonhomme cherche une réhabilitation auprès des thésards, qui seront forcément les prochains penseurs d'un monde juste et nouveau.

Buono, Clarisse, Félicitations du jury, Paris, Privé, coll. « Les Clandestins », 2007.

« Jean-Marc a toujours rêvé d’être chercheur. Son idéal - devenir un intellectuel brillant, respecté, respectable, mené par sa vocation - est aujourd’hui en passe de devenir réalité. Jean-Marc connaît les règles. Il les a toutes respectées. Il a obtenu des cours à la faculté, parcouru des kilomètres payés de sa poche pour aller enseigner gratuitement pour que ces cours apparaissent sur son CV. Il a accepté d’être le valet des maîtres comme ces derniers l’avaient été avant lui. Sans broncher, il a empilé durant une décennie des recherches à plein temps, payées en notes de frais, publiées sous le nom d’autres plus réputés que lui, pour que ces recherches aillent étoffer son CV. A trente ans, il a encore accepté d’être humilié aux ASSEDIC, dans sa famille, par sa petite amie, par sa psy, par ses amis, par les chercheurs confirmés parce que le jeu en valait la chandelle. Avec son CV, il allait obtenir le ciel.

Jour J, Jean-Marc passe la dernière épreuve, celle de la soutenance de thèse. Et alors que tout semblait parfaitement rodé, il constate que ce qu’on lui présentait comme un point final n’est que le début de l’Enfer. Jean-Marc ne possède plus qu’une seule chose dans la vie : un CV épatant de douze pages. Et l’envie d’en finir » (Note de l’éditeur, 2007)

* Burgel, Guy, Université, une misère française, Paris, Hachette, coll. « Tapages », 2006.

« L'Université se croit de gauche. En fait, elle est profondément réactionnaire. Ce livre est né d'une colère : celle qui saisit Guy Burgel, universitaire réputé, directeur d'un laboratoire de recherche des plus féconds, devant la misère matérielle, mais surtout morale de l'Université française, et sa lente dégradation : car la recherche y est de plus en plus difficile sans que les tâches pédagogiques soient assurées pour autant, sa réputation à l'étranger va déclinant, son ouverture au monde s'étiole... Quant aux promesses d'interdisciplinarité des années post-68, elles ont disparu au profit d'une reconstitution de féodalités, mais sans cohérence intellectuelle. Pour autant l'auteur ne baisse pas les bras : ce cri d'alarme est aussi un manifeste en faveur d'un métier qui le passionne et qui allie recherche et enseignement. » (Note de l’éditeur, 2006)

* Capusa, Esteban, Chômologie portative ou Dictionnaire du cynisme social, Le Kremlin-Bicêtre, Les Points sur les i, 2006.

« Université. Avec la prison, c’est l’un des lieux de stockage où l’on trouve le plus grand nombre de chômeurs en transit, non comptabilisables dans les chiffres officiels. Il n’est donc pas surprenant que l’université voit ses crédits et son crédit décroître d’année en année. » (Extrait)

Parodie de la Théologie portative adaptée à la politique du travail, ce livre satirique apparemment sans prétentions n'a pourtant rien d' innocent. La preuve, l'A.N.P.E. n'a pas encore osé porter plainte contre l'auteur, par ailleurs hautement diplômé, et la presse reste étrangement muette sur un ouvrage devenu pourtant livre de chevet de nombreux exclus, diplômés ou pas.

* Fossey, Jacques, La Recherche va très bien. Et pourquoi nos chercheurs s'exilent-ils aux Etats-Unis ?, Paris, L'Archipel , 2004.

« La recherche française traverse une crise sans précédent. En dix ans, elle a rétrogradé du 4e au 10e rang mondial. Les crédits affectés sont en régression constante, et les chercheurs consacrent davantage de temps à la recherche de crédits qu'à leurs travaux. De plus en plus, les jeunes diplômés doivent se tourner vers la recherche « utilitariste », au détriment de la recherche fondamentale, activité sans garantie de résultat certes et pourtant indispensable pour une nation développée. L'auteur, ingénieur chimiste au CNRS, demande : pourquoi la situation s'est-elle à ce point dégradée en France ? Pourquoi les chercheurs en ont-ils ras-le-bol ? Et pourquoi, la rage au cœur, certains acceptent-ils de s'expatrier ? » (Note de l’éditeur, 2004)

Généreux, Jacques, La Dissociété, Paris, Seuil, 2006.

Interrogation sur notre étrange soumission aux règles d'une société odieuse et intolérante. « Dans votre livre [...] vous indiquez que notre héritage intellectuel, celui des Lumières, est un puissant moteur d'acceptation du néolibéralisme ? – Ce que j'appelle "la dissociété", c'est le fait que nous vivons dans une société qui tend à dresser les individus les uns contre les autres, à généraliser la rivalité et la concurrence, jusqu'à la pathologie sociale et à la violence, que j'appelle la "guerre incivile". [...] Cette "dissociété" repose sur une idéologie qui plonge ses racines aux origines de la pensée moderne et place l'individu isolé au centre. [...] Cette culture est particulièrement gratifiante pour les intellectuels : si ce que j'écris est dû à mon génie propre, quelle joie ! » (Marianne, n°499)

Moureau, François, Le Nouveau prolétariat intellectuel : la précarité diplômée dans la France d’aujourd’hui, Paris, Bourin éditeur, 2007.

« Faits et chiffres à l'appui, l'auteur montre qu'il n'y a pas que les jeunes sans formation qui souffrent du chômage. L'université, selon lui, propose un produit coûteux et invendable. Abordant le travail sous-payé des étudiants pour continuer leurs études, il propose des réformes qui vont de la loi Savary au remplacement du revenu minimum étudiant par un vrai salaire. » (Livres Hebdo, n° 671) Curieuse initiative, tout de même, de la part d'un professeur par ailleurs président de section à la Commission Nationale des Universités et donc volontaire pour filtrer, écraser et exclure les hauts diplômés autant qu'habitué à protéger à l'excès les institutions les plus rétrogrades...

Oblin, Nicolas et Vassort, Patrick, La Crise de l’université française. Traité critique contre une politique de l’anéantissement, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2006.

« Tous deux enseignants à l’université de Caen, Nicolas Oblin et Patrick Vassort jettent un sacré pavé dans la mare de l’éducation nationale. Avec beaucoup de talent, et pléthore de données à l’appui, ils dénoncent la radicale transformation subie par l’Université française au nom des critères néolibéraux. Les nombreuses réformes au cours des deux dernières décennies – affirment-ils – n’ont jamais eu pour objectif d’améliorer la qualité des savoirs et leur transmission aux étudiants, mais tout simplement d’exacerber la compétition entre les universitaires et d’accroître la marchandisation des connaissances. Dans sa préface, Jean-Marie Bröhm, professeur à l’université Montpellier-III, confirme le constat fait par les auteurs. Il souligne que la « décomposition libérale-bureaucratique » de l’Université résulte d’un triple phénomène : démantèlement institutionnel de l’enseignement public, rationalisation capitaliste, et liquidation de l’excellence académique. » (Le Monde diplomatique, avril 2006)

* Pitte, Jean-Robert, Jeunes, on vous ment : reconstruire l'Université, Paris, Fayard, 2006.

« Professeur de géographie, notamment culturelle, Jean-Robert Pitte est depuis 2003 président de l'université Paris-Sorbonne (Paris IV). Après bien des alertes dont on n'a pas voulu tenir compte, le rejet du CPE a révélé la prise de conscience par les jeunes de l'impasse où on les conduit. Les meilleurs vont vers les STS ou les IUT, vers les classes préparatoires aux grandes écoles (à ces derniers, la nation consacre en moyenne plus de 12 000 € par an alors que les étudiants des facultés ont à peine droit à 6 000 € !). Et comme la société n'a pas fait l'effort d'aider les autres à s'orienter en temps utile, comme les droits d'inscription sont modiques, les élèves déferlent en masse vers des universités aux budgets misérables qui les sélectionnent par l'échec après leur avoir fait perdre leur temps. Sauf à sortir de médecine, de pharmacie ou à réussir un concours d'enseignement ou administratif (un seul poste pour plusieurs milliers de candidats...), les études supérieures en France – et surtout les études littéraires – ne procurent pas d'emploi, ou alors des emplois au rabais, quand ils ne sont pas précaires. C'est une escroquerie que de ne pas le dire. C'en est une, plus grave encore, que de ne rien changer. Et c'est pour les étudiants un dangereux mirage que de croire que le statu quo les protège. Il faut changer le système de fond en comble, comme l'ont fait déjà avec succès plusieurs pays de l'Union européenne. Puisse la colère du président de la 1ère université littéraire de France faire comprendre que le temps des rafistolages doit prendre fin immédiatement ! » (Note de l’éditeur, 2006)

* Pourmir, Isabelle, Jeune chercheur : souffrance identitaire et désarroi social, Paris, L’Harmattan, 1999.

« La précarité de l’emploi touche de plein fouet les jeunes chercheurs qui sont en majorité des chercheurs hors statut (CHS)... L’auteur a elle-même été chercheur en situation précaire pendant sept ans durant la période 1984-1994 dans plusieurs laboratoires (INSERM, CNRS et Universitaires). Elle y a observé fréquemment des phénomènes de souffrance et d’échec au travail touchant préférentiellement des chercheurs hors statut. Dépressions verbalisée ou non, irruption d’une maladie somatique, rechute d’une maladie qu’on pensait guérie, échec professionnel, échec familial, sont les multiples manières que les individus adoptaient pour s’accommoder de ce qui faisait leur quotidien. Décrire et analyser les mécanismes de souffrance au travail engendrés par la précarité de l’emploi et de la rémunération dans la recherche publique devenait urgent, tant le phénomène se révèle massif et méconnu. Cette précarité est généralement tue par les chercheurs statutaires syndiqués ou non dont la situation est beaucoup plus confortable. Mais la souffrance est aussi masquée par les victimes elles-mêmes, les non statutaires qui la dissimulent au nom de l’excellence intellectuelle. Isabelle Pourmir est médecin du travail. » (Sauvons la recherche, 2004)

* Rambach, Anne et Marine, Les Intellos précaires, Paris, Hachette Littératures, coll. « Pluriel », 2001.

« Les intellos précaires n’existent pas dans le classement officiel des catégories sociales. Ils occupent plusieurs emplois à la fois ou pas du tout, leur statut change sans cesse, ils ne savent souvent pas eux-mêmes quelle est leur situation légale et où ils doivent cotiser. La situation des intellos précaires n’est prise en compte nulle part. Les assedic n’ont rien à leur proposer, ni les caisses de retraite, ni la sécurité sociale. Sur le long terme, leurs droits sont inexistants, partiels ou dérisoires. Contrairement aux intermittents du spectacle, les intermittents de l’intellect ne bénéficient souvent d’aucune protection. »  (Note de l’éditeur, 2001)

Partant de ce joyeux constat, les auteurs tracent le portrait-robot et le parcours type de milliers d’exclus émérites et honoraires que l’usage dénigre systématiquement, tant il paraît évident (surtout pour le dénommé Stevie de chez Ruquier) que les hauts diplômés n’ont qu’à créer des emplois s’ils sont pas contents, non mais des fois !

2.    Quelques articles

Aubert (Guy), Bréchignac (Catherine), Chabbal (Robert), Ducuing (Jacques), Feneuille (Serge) et Payan (Jean-Jacques) « Pour sauver la recherche », Le Monde, 03 juin 2004.

* Buono, Clarisse, « Thésard, une vie de loser », Libération, 20 mars 2007.

Chollet, Mona, « Intellectuels médiatiques et penseurs de l’ombre. Le paradis sur terre des intellos précaires », Le Monde diplomatique, mai 2006.

* H., « Recrutement MdC et Pr : de qui se moque-t-on ? », site de Sauvons la recherche, 2 mars 2007.

* Hahn, Carine, « Jeunes chercheurs en proie à la précarité », Valeurs mutualistes, avril 2007.

* Huet, Sylvestre, « Thésards : les mal-aimés du système », Libération, 26 mars 2007.

* Julliard, Jean-François, « Smicards, intermittents et travail au noir dans les labos français », Le Canard enchaîné, 14 février 2007.

Olivier, Vincent, « Comment sauver la recherche ? », L’Express, 26 janvier 2004.

3.    Quelques sites qui parlent de nous

http://www.sauv.net  

http://precaires.free.fr  

http://intellodudessous.over-blog.com

http://chevillette2007.hautetfort.com

3bis.  Des sites où l'on parle comme nous

http://www.blogger.com

3ter.  Les sites qui n'ont pas souhaité nous mettre en lien

http://www.fabula.org

http://www.dottotato.it

http://cjc.jeunes-chercheurs.org

http://recherche-en-danger.apinc.org

http://guilde.jeunes-chercheurs.org

http://droit.dentree.free.fr

http://www.generation-precaire.org

http://www.agitateur.org

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